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Océane

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Babeth avait mis la journée pour rentrer chez elle. Entre la nuit écourtée et son trajet, elle était épuisée en franchissant la barrière de son petit terrain.

Son cheval l’accueillit avec un hennissement impatient.

La médium devait aussi s’occuper de ses poules et des lapins. Ces tâches allaient l’occuper jusqu’à la tombée de la nuit.

Plus tôt elle commencera, plus vite, elle pourra se reposer.

Tout ce temps, Babeth songea à Océane.

Comment allait-elle ?

Le policier tiendra-t-il sa promesse de lui donner des informations ? Il devait déjà en savoir plus sur l’état de santé de l’adolescente, alors, qu’attendait-il pour appeler ?

Quand enfin, elle put se poser un instant dans son fauteuil, ses pensées se brouillèrent. Tout tourna autour d’elle.

Dans un songe éveillé, les images se mélangèrent. Des yeux jaunes. Des crocs. Une dagyde. En bruit de fond, une incantation se répétait.

Babeth ouvrit les yeux. Des visions horrifiques, elle en avait déjà eu. Celle-ci lui laissait un fort sentiment d’angoisse.

Malgré ses efforts, la voyante ne put se souvenir précisément de l’incantation entendue. Quel était ce rituel ? L’ambiance couleur rouge sombre ne présageait rien de bon.

— C’est pas bon, ça ! Mais vraiment pas bon !

La pythonisse se leva et s’empressa de passer de la sauge partout dans son domicile. Elle termina en allumant un bâton d’encens.

Rassurée, Babeth entreprit alors de se préparer de quoi dîner.

Cependant, son estomac restait noué après cette vision terrifiante. Elle ne put avaler grand-chose.

Lorsqu’elle se coucha, elle ne s’endormit pas immédiatement, tourmentée par les crocs et le regard de prédateur. Son sommeil fut sans rêves.

Le matin la trouva fatiguée, incrédule et inquiète.

L’incontournable café matinal ne l’aida pas. Alors, Babeth décida de sortir et d’aller s’occuper de Boops.

La médium fut surprise quand son téléphone sonna. C’était le policier.

Enfin !

— Babeth Lamorthu !

Bien qu’impatiente, la voyante n’était pas décidée à faciliter les choses au type qui était venu la chercher sans croire en ses capacités.

— Bonjour…

La voix féminine la laissa bouche bée.

— C’est Océane. Le commandant Degard m’a raconté le rôle que vous avez eu dans mon sauvetage. Je voulais vous remercier.

Alors là…

— Je… Je suis touchée, Océane. Comment vas-tu ?

— Bien. Les médecins disent que je vais pouvoir rentrer chez moi. Merci, Babeth. Je vous dois la vie.

— Tu ne me dois rien. Je n’ai fait qu’interpréter ce que l’univers m’a envoyé. J’ai vu où tu étais. Je t’ai vue tomber.

— Je ne suis pas tombée.

La voix n’était désormais qu’un murmure. La jeune fille ne voulait pas que d’autres entendent.

— Comment ça ?

— Je… Quelqu’un m’a poussée.

— Tu en as parlé à la police ?

— Ils ne me croient pas. Ils disent qu’ils n’ont trouvé que mes traces. Rien n’indique que quelqu’un d’autre était là.

— Qu’attends-tu de moi ?

— Aidez-moi.

— Demande mes coordonnées à l’inspecteur Degard et rappelle-moi quand tu seras plus tranquille.

— Merci.

Après avoir raccroché, Babeth réfléchit quelques instants. Ses souvenirs de la vision où Océane tombait étaient encore nets. Avait-elle eu la sensation d’avoir été poussée ?

— Oh ! Mon dieu ! Oui ! Je ne l’avais pas remarqué, focalisée sur la pauvre enfant !

La voyante eut un moment de panique. Si ce n’était pas un accident, c’était criminel.

Et la police ne semblait pas prête à enquêter.

Que pouvait-elle faire ?

Et voilà qu’elle allait attendre le prochain appel comme un enfant attend Noël.

Avant cet instant décisif, ses animaux avaient besoin d’elle.

Elle sortit de sa maison hâtivement et se dirigea vers l’écurie.

Babeth s’arrêta net en apercevant devant le portail deux hommes. Ils semblaient l’attendre, appuyés contre la barrière.

Fouillant dans sa mémoire à la recherche d’un rendez-vous oublié, la voyante n’en trouva aucun.

— Bonjour, je peux vous aider ?

— Certainement.

Celui qui venait de parler était le plus imposant des deux.

— Babeth Lamorthu ?

— Ça se pourrait.

Ils échangèrent un regard amusé.

— Raphaël Beaumont. Et voici mon équipier, Clément Mercier. Nous venons vous parler d’Océane.

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